Christian Haas

Ses pérégrinations le mènent toujours au plus près des fabricants, Christian Haas a donc choisi d’établir son studio à Porto après avoir travaillé longtemps avec un célèbre producteur de porcelaine de la région. « C’est un matériau que j’ai appréhendé avec beaucoup de plaisir, pendant mes études puis en devenant directeur artistique d’un grand verrier allemand, j’ai en quelques sorte fait des Arts de la table ma spécialité. J’aime les contraintes liées à la production d’objets de petite taille qui obligent à une précision et une créativité sans faille pour obtenir des courbes et des inclinaisons parfaites. Au Portugal, j’ai découvert un artisanat exceptionnel, ici les gens ont vraiment envie de tester de nouvelles choses et de s’investir dans la réalisations de prototypes ». La richesse du savoir-faire local est désormais à l’origine même de certains projets plus personnels du designer : « L’impressionnant travail sur le marbre près de Porto m’a tout de suite donné envie de me pencher sur ce matériau, mais j’avais l’impression que tout avait déjà été fait. Avec Vague, qui s’inspire d’un outil en bois que j’ai déniché sur un marché aux puces français, j’ai voulu utiliser la matière différemment et de façon presque indéfinie.

On ne voit pas tout de suite qu’il s’agit d’un serre-livre, c’est presque une petite sculpture. » C’est aussi, sans doute, le foisonnement créatif et artisanal du pays comme le fait d’établir son studio dans un espace bien plus large qu’à Paris qui ont décidé le designer à s’attaquer à des projets à plus grande échelle, tel que le design de luminaires ou de mobiliers. Changement de dimensions et d’horizon : Christian Haas s’envole régulièrement au Japon pour collaborer avec de grandes marques. D’emblée séduit et inspiré par la culture esthétique unique du pays, qui conjugue à merveille épure et complexité, et réconcilie harmonieusement tradition et modernité, il crée notamment la série de chaises Scout pour Karimoku New Standard éditée en 2015.

Plus récemment, il fait partie des seize designers internationaux sélectionnés par la région d’Arita, célèbre pour ses porcelaines dans le monde entier, pour collaborer avec les fabricants de la province sur une collection spéciale visant à célébrer le 400ème anniversaire de l’industrie locale l’année prochaine. Le retour à la porcelaine n’est pourtant pas exclusif et Christian Haas continue en parallèle de se consacrer à la création de mobilier : en 2016, il lancera ainsi une collection entière de tables, étagères, tapis… pour le célèbre concept store berlinois Andreas Murkudis.

S’il multiplie les projets pour de grandes marques en mettant un point d’honneur à y inscrire l’héritage et la philosophie de la maison avant sa propre signature, Christian Haas connaît trop bien les enjeux de la production. « Quand on travaille pour les industries, les process sont extrêmement long : il faut être un peu visionnaire car on sait qu’un projet mettra des années avant de sortir de la chaine de production. Il s’agit donc de connaître parfaitement l’histoire de la marque mais de savoir aussi où elle voudra être dans 3 ou 4 années, au moment où le projet sera véritablement lancé ». Fort de cette expérience, le designer s’illustre parallèlement grâce à un travail plus personnel avec des galeries qui lui permet non seulement d’accélérer la cadence de production mais aussi, et surtout de satisfaire les exigences créatives inspirées par ses nombreux voyages. Vendu en galerie dans le monde entier, la série Ropes fut une de ses premières expérimentations personnelles « J’avais depuis quelques années déjà l’idée de combiner la technologie LED, que l’on associait à l’époque avec un univers High Tech froid et quasi clinique, avec du textile pour la rendre plus organique, plus vivante. » Pièces uniques résultant de techniques de nœuds aléatoires inspirés par le bondage japonais, les cordages lumineux s’inscrivent dans l’espace à vivre comme des éclairages artistiques inédits. Au hasard des nœuds, succède celui du pliage : en imaginant Rain, série de tables basses pour la galerie Bensimon, Christian Haas s’en remet encore une fois à la tradition japonaise et réalise des centaines d’Origami sur des feuilles de papiers avant de sélectionner les formes inattendues les plus parfaites graphiquement pour les monter en plateaux de table.

Maître de l’aléatoire, le designer s’emploie plus récemment à dompter l’équilibre en imaginant un impressionnant mobile éclairant : Avec Act, Lumière flottante abandonnée au mystère de l’équilibre, Christian Haas, s’empare comme il l’a fait pour ‘Ropes’ de la technologie LED avec la précision d’un poète. Pour Designerbox, Christian Haas imagine Tactile, un objet signature reprenant les codes du pliage et de l’esthétique graphique qu’il affectionne. Pour la part de hasard, cette fois, il s’en remet à l’abonné qui décidera lui-même de l’agencement des grilles comme de leur ornementation grâce aux six aimants en métal sélectionné par le designer.

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