Phillipe Nigro

Pendant près de 12 ans, Philippe Nigro, gravira les échelons auprès du maître du design Italien avant de voler de ses propres ailes, empruntant aux deux cultures qui ont nourri ses années d’apprentissage pour dessiner sa propre voie : « Mon travail témoigne d’une relation permanente entre les cultures italiennes et françaises qui sont complémentaires. En Italie, le design est très spontané et ouvert aux différentes disciplines des arts appliqués, tandis qu’en France ces disciplines sont un peu plus cloisonnées. Quand j’ai débuté à Milan, il n’y avait pas de catégorie de métier, un designer faisait aussi bien des objets que de l’aménagement d’intérieur, des installations, voire de l’architecture. Aujourd’hui cela n’est plus tout à fait vrai, mais à l’époque cela m’a permis d’appréhender le design sous beaucoup de formes différentes. » Mobilier, produit, mais aussi architecture d’intérieur ou encore scénographie, Philippe Nigro a bien des cordes à son arc et navigue entre France et Italie pour collaborer avec des maisons et industriels renommés:

«Ce qui m’intéresse, c’est la multiplicité des projets et des utilisateurs ou clients finaux. »

De Ligne Roset à Hermès en passant par DePadova, Philippe Nigro traverse les frontières et surfe sur différents styles avec dextérité, et avec, toujours, le même respect des savoir-faire particuliers et un goût marqué pour l’ingéniosité.

« Je travaille bien sûr à ce que les objets soient surprenant dans leur fonction première, mais j’aime aussi qu’ils soient dotés de fonctions ou d’astuces cachées. C’est, selon moi le meilleur moyen pour que les utilisateurs finaux entretiennent un rapport affectif avec les produits. » Ainsi, Les Nécessaires d’Hermès : collection qui intègre l’univers « maison » de la célèbre marque pensée entièrement par le designer, consiste en une série d’accessoires dont la singularité tient autant de leur aspect : de très haute facture, que de leur caractère astucieux.

«Derrière l’épure des lignes révélant la noblesse des matériaux, on distingue ainsi tel rangement caché dans une assise ou un plateau de table qui rend l’objet complice d’un quotidien incarné. » Autre mobilier révélateur de son goût pour les objets malin, la Twin Chair, projet prospectif récompensé par le VIA, tient presque de la géniale invention, tellement elle semble élémentaire : « L’assise en bois et sa peau en métal permettent de créer deux chaises en une. » Le projet simple et efficace est, depuis, entré dans la collection du centre Pompidou.

Néanmoins, ce penchant certain pour l’expérimentation ne se développe jamais au détriment des savoir-faire existants, il ne vise au contraire qu’à les sublimer. « J’essaie systématiquement de comprendre les attentes mais aussi l’histoire d’un éditeur, afin de faire les propositions qui lui correspondent le mieux. » Le canapé à géométrie variable Confluences issu d’une aide à projet du VIA en 2008 (Intersection) fut conçu dans l’idée de proposer une nouvelle vision de cette typologie d’assise, une démarche qui correspondait bien à celle de l’éditeur français Ligne Roset qui l’édita en 2009 : « L’asymétrie du canapé lui permet de s’adapter à différentes morphologies, et offrira aussi une multiplicité de choix sur les qualités et coloris de tissu. » C’est donc tout le champ des possibles qu’offre l’industriel qui est ici exploité. C’est aussi dans un souci de pédagogie, visant à mettre en avant l’univers et les valeurs de ses clients, que Philippe Nigro s’illustre en tant que scénographe. Pour Lexus, constructeur automobile japonais, le designer conçoit un espace dédié au Salon de Milan de 2015. Après la visite des usines, il est frappé par les détails invisibles qui prennent en considération les sens des usagers dans la construction des véhicules. Il choisit donc d’inviter les visiteurs à une expérience hautement sensorielle mettant en avant le plaisir de la conduite.

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