Vous prendrez bien un café gourmand ? NON, UN FROMAGE GOURMAND !
Un fromage qui danse sur des accords sucrés salés comme le Rudolf Noureev des desserts, une douceur enivrante qui bouscule toutes les habitudes de fin de banquet, même s’il ressemble aux pousses cafés du film Un jour sans fin, une friandise de star qui chavire l’âme comme un baiser sous la pluie sur les Mazurkas complètes du camarade Chopin.
Bref, un fromage dont les saveurs se marient si bien avec les fruits, les pains d’épices, les meringues, le chocolat, la vanille, les cafés, les thés, les rhums, les whiskies et les liqueurs, qu’elles permettent à des millions de Français d’en finir avec la navrante question des repas en forme de sondage téléphonique : « Fromage ou dessert ? »
Comment a t-on pu nous imposer, toutes ces années, un choix qui n’en était pas un, en prenant l’air entendu du convive qui sait se priver ? De quel esprit rabat-joie a donc germé l’idée saugrenue d’opposer le moelleux d’une crème pâtissière et la pointe vanillée du Morbier ?
Aujourd’hui, le fromage c’est le nouveau dessert ! Un plaisir sucré et salé que chacun peut se réapproprier comme un remix sur mesure et un véritable petit tableau de maître dans l’assiette.
… Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, le Café Gourmand, son assiette carrée, son fondant au chocolat passé au micro- ondes (1mn), sa purée d’abricots en verrines, ses trois mini- meringues ramollies, son cannelé en plastique et son triple tarif majoré passaient pour un sommet de raffinement et d’élégance… Comment a-t-on pu à ce point berner les gens ?
En les poussant à faire l’impasse sur les fromages sous le prétexte de manger plus vite et plus léger, on les a non simplement privés d’un des plus grands plaisirs de l’existence – une étude récente a même comparé les effets du fromage sur le cerveau à ceux du sexe – mais en plus, on les a poussés bien souvent dans les bras de mignardises réchauffées dont les qualités diététiques et nutritives laissent pour le moins à désirer. Ciao les imposteurs, les fromages sont de retour à table ! Pas de chariot, pas de cloche, pas de plateau, mais une multitude d’accords dont on peine encore à mesurer toutes les possibilités…
Et si, après leur succès au dessert, les fromages câlins s’imposaient au petit-déjeuner (avec des viennoiseries, des pains aux fruits, des infusions, etc) et au goûter (avec de l’Epoisses, du chocolat du cumin, Jean-Paul Hévin, Paris)? Affaire à suivre…
Vive la France, vive la République, vive les fromages qui donnent faim !