Parmi les séries d’images absorbées quotidiennement sur internet ou dans les magazines, montrant de beaux intérieurs ou de beaux stylisme photo, on est souvent saisi par un sentiment de déjà vu… des codes esthétiques épousés par un monde créatif qui va soudain tourner en boucle. Une manière de mettre en scène les objets, de positionner un décor, un type de cadrage, une gamme de couleur ou de matière qui apparait tout à coup en fil conducteur sur toutes les images qui s’offrent à nous. À la manière d’un gigantesque moodboard qui va s’auto-alimenter, une tendance va naitre ainsi sous nos yeux sans que l’on en connaisse réellement l’origine mais après tout est-ce si important ? Picasso a t il inventé le cubisme… non! Miles Davis le BeBop … non! Ils en sont pourtant les maitres incontestés tant ils ont su s’approprier la quintessence même de ses mouvements culturels historiques dont les origines sont de fait souvent multiples. Mais il arrive qu’au hasard de l’une de nos promenades digitales quotidiennes, on tombe sur le Picasso… LE créateur dont chacune des créations semble résumer la quintessence même de cette tendance.Quand on découvre par hasard sur Instagram l’œuvre de l'artiste Alexis Christodoulou, on est saisi de ce sentiment …
Des roses, des bleus et des jaunes délicieux, appliqués à des volumes architecturaux magnifiquement agencés sous une lumière irréelle constituent autant d’espaces rêvés que l’on aimerait aller visiter illico pour y passer le temps d’un we, ou même quelques heures. Mais inutile de chercher l’emplacement de ces espaces sur une carte du monde, toutes les créations de Christodoulou sont en fait entièrement numériques. En échos aux photos sur lesquelles on « swipe » quotidiennement sans savoir si elle sont réelles ou pas, ses images surréalistes assument de fait pleinement l’ambiguïté.Créé en 2013 par le jeune sud-africain basé au Cap, le compte @teaalexis est devenu au fil des publications une référence, voire une source d’inspiration évidente pour les influenceurs et professionnels de la déco internationale. Au delà de l’ultra-réalisme des images 3D réalisées par cet autodidacte, c’est surtout la poésie des ambiances et l’harmonie des couleurs et de matières d’une extrême subtilité qui en explique très certainement le succès. «je pense que je créé ces espaces parce que j’aime I’idée de pouvoir m’y projeter, m’y échapper un moment.Ils sont justes l’extension de mes rêves quotidiens » Sans aucun bagage architectural particulier, après avoir travaillé comme rédacteur publicitaire durant 10 ans, Alexis s'intéresse à la représentation 3D comme passe-temps.
Satisfaisant sa fascination d'enfance pour les mondes artificiels mais « frustré par leur manque d'esthétique moderne et par la tendance à toujours être enraciné dans la science-fiction », Alexis Christodoulou établit très vite sa propre esthétique unique « ré-imaginant notre monde avec des éléments empruntés à des espaces que j'ai vus, des photos que j'ai rassemblées et des idées que j'ai eues depuis l'enfance, des endroits où j'aimerais me promener."
Ces espaces semblables à des compositions/sculptures architecturales sont des interprétations raffinées de lieux du monde réel, conçues comme si elles étaient ré-imaginées dans un rêve. "Les images que je crée sont une simple extension du désir de voir naître des espaces fantastiques qui font écho à une esthétique plus moderne et plus propre ", explique-t-il. Inspiré par le monde architectural qui l'entoure, chaque rendu commence généralement par une esquisse d'un espace inspiré soit d'un bâtiment familier du Cap, soit d'une architecture moderne renommée. "Ça pourrait être les tons sourds d'un dessin d'Aldo Rossi, le béton qui entre en collision avec le plâtre d'un intérieur de David Chipperfield ou une grille d'un dessin de Superstudio qui s'étend à l'infini. ». Alexis nous dit avec la simplicité qui le caractérise : "L'inspiration vient de plusieurs sources, mais j'essaie toujours de créer un espace qui m'intéresse dans la forme et la matière, et dans l'utilisation de la lumière." L’absence délibérée de présence humaine contribue, quant à elle, à accentuer ce coté irréel et créée une ambiance sereine mais parfois inquiétante, fantomatique. Il explique cette décision de conception en déclarant : "Mes scènes sont toujours vides de tout être humain. Je préfère que le spectateur imagine comment ils existeraient dans l'espace, laissant parfois un petit indice quant à une présence passée, mais ne vous conduisant jamais à une narration spécifique." Architecte des fantasmes d'évasion, Christodoulou affiche ainsi régulièrement ces impressionnants rendus numériques comme une sorte de défi créatif qu'il s'est imposé. Et le résultat est un régal visuel ininterrompu dans lequel on se délectera sans retenue.