Avec « Grab », duo de mugs, Jean Nouvel marque la pause café de son empreinte en imaginant un objet pur, pratique et ergonomique dédié à la dégustation à emporter. L’institut du monde Arabe, le musée du Quai Branly à Paris, La Dentsu Tower de Tokyo, le théâtre Guthrie de Misnneapolis, bientôt Le Louvre d’Abu Dhabi… la liste monumentale de ses réalisations pourrait donner le vertige si elle n’était pas aussi sensible et ancrée dans la réalité. Architecte virtuose, lauréat du prix Pritzker –l’équivalent des Oscar pour sa profession- en 2008, Jean Nouvel se définit aussi comme « designer amateur, au sens de celui qui aime véritablement» : une passion majeure, célébrée par l’exposition « Jean Nouvel, mes meubles d’architecte » au musée des Arts Décoratifs en 2016. Dans les années 80, alors que sa carrière est en plein essor, il s’essaie d’abord au design car il ne trouvait pas « de meuble en adéquation avec ses bâtiments.» Il imagine ainsi la rondeur sympathique du fauteuil Saint James pour habiller un restaurant haut de gamme du bordelais ou encore la simplicité rigoureuse de la banquette Vienna pour s’insérer harmonieusement dans ses dessins du Sofitel de la capitale autrichienne.
Heureux opportunisme qui portera ses fruits puisque ces deux créations sont désormais éditées chez Ligne Roset et Wittman et que quinze années plus tard, en 1995, l’architecte crée Jean Nouvel Design (JND) pour accompagner sa société d’architecture Ateliers Jean Nouvel (AJN). Depuis sa création JND a développé et édité plus d’une centaine de meubles et luminaires dans le cadre de projets architecturaux ou parfaitement autonomes. Son fondateur se défend pourtant encore aujourd’hui d’être un designer se définissant plus volontiers comme un « architecte qui fait du design » :
« J’ai toujours considéré les meubles et les objets comme des petites architectures… des architectures de poche…
Pour la grande ou la petite architecture, l’obsession conceptuelle reste la même. ». Dans les deux cas, le point de départ, voire le mot d’ordre de Jean Nouvel est le contexte :
« je suis quelqu’un qui travaille sur la situation, qui contextualise.
J’aime que les bâtiments arrivent quelque part et qu’ils sachent pourquoi ils sont là. Je pense que pour les meubles c’est la même chose : il devraient arriver là naturellement et on devrait toujours trouver qu’ils sont bien à leur place, qu’ils sont à l’échelle, à la bonne dimension, qu’ils sont fait pour être là où ils sont. » 1000 raisons, sa bibliothèque modulable créée pour Bespoke éditions synthétise parfaitement ce propos en se décuplant et en s’adaptant ainsi au gré des besoins et des environnements particuliers. Puisqu’il est affaire de sens, le mobilier de Jean Nouvel, à l’instar son architecture impose un parler franc : il s’affranchit des figures stylistiques pour exprimer une justesse capable de « traverser les époques sans se démoder et se marier à toutes sortes d’intérieurs ». Sa table au kilomètre édité pour la galerie Gagosian d’une justesse singulière ou encore sa gamme faussement banale Simplissimo chez Ligne Roset, élèvent le principe du « zéro design » au rang de manifeste : « les objets doivent être calmes » affirme l’architecte fan de l’épure des designers scandinaves, mais aussi des meubles de Mies Van der Rohe, Le Corbusier ou encore Jean Prouvé.
Si dans le calme, on trouve l’évidence, c’est aussi lui qui permet d’instaurer le dialogue. Dans l’exposition consacrée aux meubles de l’architecte aux Musée des Arts Décoratifs de Paris, c’est cette élémentarité qui permet aux objets iconiques de Jean Nouvel d’entrer en résonnance si justement avec les espaces historiques du musée. De cette rencontre préméditée surgit ainsi la poésie, comme une évidence.
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