Nathalie Dewez

Comme en témoignent ses études, Nathalie Dewez nourrit non seulement un vif intérêt pour l’objet mais aussi, pour l’espace qui entoure ce dernier, sa spécialisation lui a ainsi permis d’appréhender conjointement les deux sujets : « le luminaire étant l’objet le plus directement lié à l’espace de par la lumière qu’il crée et qui a un impact direct sur le lieu dans lequel il est situé. Même si depuis mes débuts, je n’ai pas fait beaucoup d’architecture d’intérieure, mais plutôt du produit, je suis ravie de ne pas avoir fait d’études de design industriel au sens strict.» Cette appréhension de l’espace au travers de la lumière, Nathalie Dewez a eu maintes fois l’occasion de l’explorer depuis, en travaillant sur des projets lumineux sur-mesure par rapport à des lieux donnés.

En 2011, elle s’est ainsi illustrée en imaginant une structure éclairante phénoménale pour le MUDAM au Luxembourg. Sous la gigantesque verrière de l’entrée du musée construit par l’architecte Leoh Ming Pei, qui est aussi à l’origine de la fameuse pyramide du Louvre, le défi relevé par la designer fut de concevoir un lustre dont le poids puisse être supporté par la verrière mais qui soit suffisamment volumineux pour investir l’espace. À l’occasion des 5 ans du musée, Nathalie Dewez inaugure ainsi un mobile éclairant monumental mais étonnement léger grâce aux gonflables lumineux qui le composent.« La structure est de surcroit modulable : on peut régler sa hauteur et décentrer la source éclairante au gré des différentes expositions. » Cette commande honorée avec brio résume assez bien les thématiques chères à la créatrice et son savoir-faire tout particulier :

« Ce qui caractérise souvent mes lampes, ce sont les notions de mouvement et aussi d’équilibre en ce qu’ils apportent une tension à l’objet que je trouve intéressante.»

Inconditionnelle de Calder dont on retrouve bien l’influence dans des projets aériens comme Still Light, Nathalie Dewez cite aussi volontiers Dan Flavin ou encore Ellworth Kelly au rang de ses références : « Mes suspensions Ellipse ont d’ailleurs été conçues en hommage à son travail. J’adore tout ce qui est sculptural, et les couleurs franches qui marquent l’espace.» De plus, petite fille d’artiste, habitée par l’art contemporain, la designer cite volontiers un souvenir d’enfance comme un déclic à sa carrière actuelle : « Lorsque j’avais 10 ans, ma grand-mère, qui ne travaillait pas mais accompagnait mon grand- père peintre et sculpteur, m’a offert un isolateur en céramique qu’on trouvait sur les poteaux électriques en me disant ‘regarde comme c’est beau. Je suis persuadée que ce regard qui sublime les choses les plus quotidiennes m’a marqué. » Sans doute en a t-elle gardé cette volonté de mettre en lumière des matériaux ou objets banals, à l’instar des phares de voitures dont l’aspect grillagé typique a inspiré son projet de lampes de table Car Light pour Ligne Roset.

Tout récemment, ce sont des pièces nettement plus iconiques que Nathalie Dewez s’apprête à éclairer : « Petit H, la gamme parallèle d’Hermès, m’a demandé de fouiller dans les archives de la Cristallerie Saint Louis pour imaginer une série de suspensions et de lampes sur pied à partir de produits que la Cristallerie ne pouvait plus utiliser. La collection sera exposée fin novembre dans le magasin de la rue de Sèvres à Paris.»Outre ce projet phare et sa participation à Designerbox, la créatrice à succès sera décidément sous les feux de la rampe en automne puisqu’elle s’apprête à lancer courant octobre sa marque éponyme de luminaires fabriqués exclusivement en Belgique qui reprendra une série de produits existants et en dévoilera de nouveaux.

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